mercredi 4 avril 2007

Coeurs endoloris - épisode 3

Le drame s'amplifie.

Je suis suis revenue de l'université juste avant 21h - lectures de dernière minute pour mes 2 heures de cours demain matin. J'ai déposé mon manteau dans ma chambre, je me suis préparé un petit souper tardif et j'étais à mi-chemin entre la cuisine et la table à dîner (dans le salon) lorsque la porte s'est ouverte sur Bérénice, l'air bouleversée.

"Peter was clamped"

Je l'ai regardée, perplexe. Clamped?

"Did you get my txt?" elle était à peine entrée, la porte n'était pas encore fermée mais c'était clair qu'elle avait pleuré. Elle a répété "Peter was clamped by the police" en mettant ses poignets ensemble devant elle. Clamped... menotté. Peter s'est fait arrêter par la police ce soir.

***
Dimanche soir, Bérénice en a eu assez des illusions de Peter. Elle a sorti sa voix sérieuse et lui dit et redit que ce qu'il espérait depuis presque 4 ans ne se réaliserait jamais. Elle l'a forcé à le répéter lui-même à voix haute - il semblait avoir compris, malgré un refus obstiné d'accepter la situation comme étant finale. Ça parlait fort, ça criait, des portes on claqué, mais le lendemain Peter semblait s'être calmé. Il était un peu taciturne, mais souriant, attentif - il s'est occupé de moi et de mon pied foulé comme une mère-poule, mais ça c'est une autre histoire... - et d'humeur égale tant lundi qu'hier.

Il avait congé aujourd'hui et a profité du beau temps pour aller se promener en ville. Bérénice l'a rejoint après sont travail, à sa demande. Ils ont marché et discuté, mais Peter revenait sans cesse sur ce qui est maintenant une obsession, soit la certitude que s'il lui laisse juste un peu plus de temps, Bérénice finira bien par tomber amoureuse de lui. Ses objections à elle tombaient à nouveau dans le vide alors, inconfortable, elle a proposé qu'ils s'arrêtent manger.

Une fois au Burger King au centre-ville, la discussion et l'inconfort ont continués jusqu'à ce que Bérénice décide d'envoyer un txt à une de ses amies pour avoir un peu de support moral. Peter s'est alors brusquement emparé de son téléphone. Elle a tenté de le reprendre, mais sans succès. Le ton a monté des deux côtés, mais les réactions de Peter étaient de plus en plus violentes et, apeurée, Bérénice est sortie du restaurant sans son téléphone.

Elle est partie en direction de Cathedral Square, le centre touristique de la ville - Peter l'a suivie et l'a brusquée. Elle a essayé de prendre son téléphone à lui dans son sac, mais il l'a repoussée et l'a jetée à terre. Elle s'est relevée, sous le choc, et s'est sauvée. Il l'a rattrapée et l'a envoyé valser sur un des support de béton qui tiennent les bancs publics. Il lui a lancé le téléphone, qu'il avait depuis le restaurant, et s'est penché sur elle pour lui demander si elle était ok. À terre, en larmes et terrifiée, Bérénice a été 'sauvée' par des passants qui sont intervenus et sont allés chercher la police - il y a un poste en plein milieu de Cathedral Square.

Peter s'est donc fait arrêter. Bérénice a donné une courte déposition, mais elle avait relativement peu d'influence sur la suite des évènements: la place était pleine de touristes et l'agression a été capté par plusieurs sur vidéo.

Les policier l'on reconduite à la maison, elle nous a expliqué la situation et a pu appeler sa mère en Thaïlande. Elle semble un peu plus calme, mais elle répète que c'est de sa faute, qu'elle a causé du trouble et qu'elle a mis Peter dans le pétrin. Je fais mon possible pour lui faire comprendre que ce soir Peter est 100% responsable, que c'est lui le méchant, qu'il s'est mis lui-même dans le pétrin, qu'elle est la victime, qu'elle a subit l'agression... sans beaucoup de succès je dois dire, mais Sam (ahhh! Sam...) est venu la rejoindre et j'espère qu'il saura être plus convaincant que moi.

Berenice passe la nuit dans ma chambre, pour ne pas être seule et pour ne pas être dans 'leur' chambre. On verra demain soir si elle s'installe pour quelques jours - après tout, ce n'est pas la place qui manque.

Peter passe la nuit au poste de police et sera en cour demain matin. J'ai envoyé un message à mon superviseur pour expliquer la situation et j'irai au tribunal plutôt qu'en classe, pour m'assurer que Peter est correct et savoir plus en détails ce qui va suivre - y aura-t-il une accusation formelle? est-ce que son visa va être révoqué? s'en tirera-t-il avec un amende?

La suite dans le prochain épisode...

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La réaction de Bérénice est un étrange mélange de sa personnalité forte qui refuse la possibilité d'être la victime de quoi que ce soit ou d'avoir peur de quelqu'un, et de sa culture Thaï où la violence conjugale est sinon acceptée, du moins courante, et évidemment la faute de la femme. Le fait que Sam connaisse autant cet aspect d'elle - il a vécut en Thaïlande - que sa personnalité très occidentale devrait l'aider à l'aider.

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Je me suis foulé le pied - pas la cheville, le pied - lundi matin. J'étais debout dans la cuisine, je venais de terminer de passer la balayeuse, je parlais à Peter, je me suis retournée en faisant un pas de côté je me suis enfargée soit dans le tapis, soit dans mes propres pieds... typique...

J'ai passé la journée la patte en l'air avec un sac de glace sur le pied, à 'convalescer' en regardant de mauvais films avec mon coloc cardiaque. J'ai un paire de belles béquilles rouges, j'ai mal aux bras et je marche vraiment lentement - même Tom est plus rapide que moi, 8 jours après sa crise cardiaque! - mais des radiographie lundi soir ont confirmé que ce n'est qu'une foulure et je devrais être sur pied (littéralement) dans une semaine.

Incidemment, j'ai découvert une des joies d'être résidente permanente: mes accidents, aussi maladroits et de-ma-faute soient-ils, sont couverts par le régime ACC gouvernemental. Le médecin, le physio, le taxi pour se rendre chez l'un et chez l'autre, tout est payé par le gouvernement. Avoir les deux pieds dans la même gougoune n'a jamais été aussi gratuit!

1 commentaire:

caro a dit…

Salut Fred!

Wow, il y a de l'action par chez toi! C'est très divertissant (presque surréaliste je dirais) à lire, même si ce ne doit pas être très joyeux pour les protagonistes impliqués...

Dommage que ma situation "job" ne soit pas stable et que je ne puisse prévoir que 3 semaines à la fois, car ça serait donc amusant de venir te visiter! Mais bon, obligations obligent, je dois mettre tous mes efforts à trouver des sous pour le condo, même si ça implique ne pas travailler dans mon domaine du tout pour cause "de gel dans la focntion publique et de pas de postes ailleurs à Qc en bio"...

Mais bon, faut être optimiste, et d'ici à ce que je puisse penser à prendre des vacances, je continuerai de te lire!!

Bonne journée!
Caro xxx